Ubuntu en Technologie dans un lycée au Niger

closeCet article a été publié il y a 16 ans 5 mois 18 jours, il est donc possible qu’il ne soit plus à jour. Les informations proposées sont donc peut-être expirées.

Gilles est professeur de Technologie dans un Lycée Français au Niger. Il utilise Ubuntu depuis six mois avec ses élèves et a évoqué son expérience dans les commentaires du blog.

J’ai trouvé son témoignage intéressant et je lui ai proposé de décrire plus amplement l’utilisation d’Ubuntu avec ses élèves.

Cette année, nouvel affectation, nouvel établissement, nouvelle salle pour moi tout seul. Je suis le seul prof de technologie de l’établissement. Ça change après quatre années de TZR (Titulaire sur zone de remplacement) où je n’étais jamais « chez moi » et où je ne pouvais pas forcement installer ce que je voulais sur les ordinateurs.
Début d’année, j’installe mes logiciels préférés sur les 12 postes qui équipent la salle. Open Office, firefox, Komposer…
Nous n’avons pas encore de réseau digne de ce nom mais bientôt un SambaEdu tout neuf va être installé. En attendant, une machine me sert de serveur et j’y ai installé Techno&Co qui me sert d’intranet pour le partage des ressources.

Les élèves s’habituent rapidement à toutes ces nouveautés et après une explication du « c’est quoi le Libre? », je leurs propose de copier sur leurs clés USB les logiciels qu’ils souhaitent, en toute légalité. Comme ça, ils peuvent travailler à la maison sur les même logiciels qu’à l’école.
Étant au Niger, les connexions Internet ne sont pas très rapides et bien que certains élèves soient connectés à la maison, il n’est pas facile de télécharger 80 Mo,
Certains se prennent au jeu et me demande une copie de certains logiciel.

Vers le mois de décembre, je tente de télécharger Ubuntu. Après 48h d’attente, c’est un succès.
Ayant déjà eu quelques surprises avec l’installation de distribution Linux à la maison il y a quelques temps, je fais une sauvegarde des documents d’un poste sur un autre. Comme je souhaite partitionner le disque dur en deux, on ne sait jamais!
L’installation se passe finalement sans problème. Grâce à gparted, je fais deux partitions et ne perd pas le Windows. Fini l’époque où il fallait tout réinstaller après le partitionnement.
J’ai fais beaucoup de visite sur le site Ubuntu.fr pour l’installation de quelques applications qui n’était pas sur le cd ou pour des conseils au niveau de la configuration. Finalement, rien d’insurmontable et le forum est très actif. Évidemment, connexion Internet obligatoire. En France cela paraît normal maintenant, mais ici, c’est assez aléatoire. Nous avons la chance d’avoir une bonne connexion au lycée mais parfois les téléchargements sont difficiles…

Quelques jours plus tard, tous les postes sont en double boot.
Les élèves sont surpris. Je leurs laisse le choix du système avec lequel ils souhaitent travailler car j’utilise les même logiciel en Windows ou en Linux, principalement OpenOffice, firefox, Kompozer pour la création de site.

Beaucoup choisissent Ubuntu. Il faut dire que c’est lui qui se lance par défaut et qu’au début, il ne font pas attention au démarrage.
Les effets de bureau avec Compiz les séduit, je les laisse jouer un peu avec histoire qu’ils prennent leurs marque!
La semaine suivante, quelques élèves arrivent avec des cd vierges… me voilà distributeur officiel Ubuntu au lycée… Sur mes 250 élèves, une dizaine de cd gravé… on relativise, il y a encore du chemin à parcourir mais la voix est libre… (merci Framasoft)

Maintenant que nous sommes au mois de Mai, j’observe que beaucoup d’élèves choisissent encore Windows au démarrage, question d’habitude sûrement. Les plus curieux sont bien à l’aise avec Ubuntu. Le principal problème qu’ils avaient au début était de s’y retrouver dans l’organisation des dossiers. Il n’y avait plus « mes document » mais « document ». J’ai trouvé surprenant que cela les dérange à ce point!
Sinon j’ai eu quelques soucis avec l’imprimante qui est partagé à partir d’un poste. Suivant si ce poste était en Windows ou en Ubuntu, ça ne marchait pas toujours bien avec les autres postes.
Rien de bien méchant!
Point positif, au niveau des compétences du B2i, cela m’a permis d’aborder quelques items en particulier sur le piratage. Un élève m’a encore demandé dernièrement si je pouvait lui préter le cd d’installation de Photoshop… « ah non, mais je peux te copier The gimp si tu veux! » et on remet une couche sur la différence entre le libre et le propriétaire…
Autre avantage, l’outils de récupération de document d’Open Office. Ici nous avons souvent des coupures de courant… « Rhaaa, j’avais pas enregistré, j’ai tout perdu » et pourtant je leurs dis d’enregistrer régulièrement leur travail.
« Pas de panique, pour ceux qui utilise Open Office, vous aurez une surprise au redémarrage »
Effectivement, la plupart retrouve leurs fichiers grâce à l’outil de récupération. Ceux qui utilise encore Word n’ont plus qu’à tout recommencer.

Je laisse toujours le choix aux élèves des logiciels qu’ils souhaitent utiliser. A peu près la moitié démarre encore en Windows, mais ils utilisent tous Open Office et Firefox maintenant.

  14 commentaires

14 Comments

  1. Charly F dit :

    Un billet vraiment très intéressant 🙂

  2. taz dit :

    Salut
    Prof comme toi, en Afrique, en Egypte, je fais la même chose que toi, pour le moment succès identique au tiens, et surtout ils savent maintenant qu’un « autre choix(monde) est possible ».
    Ce qui est bien c’est aussi que les personnes qui enlèvent Vista de leur PC perso augmente en flèche ici, ils remettent automatiquement XP et là je leur annonce : « un autre choix est possible » et passe un Live-CD.
    Voila bonne continuation.

  3. Yves dit :

    @taz : Si tu as envie de détailler ton expérience dans un article, tu peux me contacter 😉

  4. ChRiiS dit :

    Excellent billet!
    Mais faut avouer que pour le coup c’est un peu grâce à Gilles ^^’

    En tout cas, j’aurais rêvé d’avoir un prof’ comme lui ou comme toi. Malheureusement que ce soit mes prof’ de techno au collège ou mes prof’ d’info au lycée et en BTS, je n’ai eu que des dinosaure hermétique à tout changement d’habitude.

    Ca fait plaisir de voir que certain prof’ connaissent encore la définition du mot pédagogie.

    Merci à vous (et aux autres dans l’ombre) et merci particulièrement à toi Yves pour ce blog!!

  5. LoseMagnet dit :

    Quand je pense à mes anciens profs de techno/informatique au lycée qui n’utilisaient que des outils Microsoft avec la justification : « parce que c’est Microsoft, donc c’est pérenne » :)))
    Deux logiques….

  6. Pilou dit :

    Ubuntu j’aime, le Niger j’y vis pas mais j’y suis né et professeur je ne le suis pas mais mon père l’a été toute sa carrière (et même une période à l’université de Niamey)
    Excellent billet, une bien belle aventure !!

  7. Pilou dit :

    Je me suis permis de faire un article sur ce billet.
    Vous pouvez le consulter ici :
    http://www.chezpilou.info/post/2008/06/22/Quand-Ubuntu-prend-place-au-Niger
    Merci à vous

  8. Yves dit :

    @Pilou : Ton billet est très sympa. Tu peux envoyer un rétrolien 😉

  9. Chez Pilou dit :

    Quand Ubuntu prend place au Niger…

    Beaucoup de ceux qui lisent ce blog ne savent pas que le Niger est un pays qui attire toute mon attention pour la simple et bonne raison que j’y suis né. Certes je n’y ai vécu que deux ans mais jamais je n’ai encore eu l’occasion d’y retourner e…

  10. simon dit :

    bonjour,

    ce billet attire mon attention car, j’ai effectué un stage de 2 mois dans ce même lycée en 2002 (déjà …). A l’époque pas d’ubuntu mais le proxy tournait sous redhat avec firewall netfilter, quelle joie :o)

    Autre choses mémorables, du 128K pour la centaine de poste de l’école et les coupures de courant régulière qui faisait biper les onduleurs.

    L’informatique au Niger, ça se mérite, mais c’est une joie d’inventivité :o)

  11. daria dit :

    Bon billet 🙂 Les retours d’expériences Linux/libre sont toujours intéressants je trouve.
    Merci !

  12. illovae dit :

    Super témoignage, merci beaucoup.

  13. DESTOUET dit :

    Bonjour,

    Excellent compte rendu de votre expérience professionnelle et personnelle. Pour ma part j’essaie de prendre contact avec une école primaire du Niger dans laquelle il y aurait une possibilité de travailler en liaison avec des ateliers d’école primaire ici à Bayonne du CE1 AU CM2 et en plus j’anime des groupes d’enfants qui font de la philatélie à l’école et il serait parfait de pouvoir correspondre par le NET et en complément par le courrier pour engager une relation durable.
    Merci de me donner un « tuyau » si vous le pouvez, bien cordialement, Jacques Destouet

  14. deb dit :

    Cette expérience est très interessante pour des pays comme le Niger « même si c’est dans un lycée Français ». Dans ces pays, une des limites de l’introduction de l’informatique dans les écoles est l’achat de logiciels. Des ONG ont souvent fait l’acquisition de matériel de seconde main en quantité pour les distribuer dans les écoles. Les ordi sont longtemps restés dans les magasins sans logiciels. Dans d’autres situations, le technicien du coin se livre au piratage sans cesse des clés, serial number et patch sur le net avec les risques inévitables de virus, de plantage de « windows ». J’ai toujours pensé que ubuntu a sa place pour ces pays mais la difficulté reste l’accès au net car ubuntu sans le net, c’est l’isolement. La solution proposée par Destouet peut être très interessante. La communauté du libre peut dans ces cas faire un grand progrès vers l’Afrique, si la distribution des logiciels, des mises à jours et autres outils indispensables pouvait se faire sur CD avec envoi dans les écoles une fois par an.Je pense qu’il faut envisager une telle possibilité à l’image de « l’aide alimentaire » ou autre aide à l’endroit de ces pays.

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